Contes cruels de la jeunesse

par Thibaut DE RUYTER

Pour résumer les activités multiples (dessin, vidéo, peinture, collage, installation) de Florence Obrecht, il suffirait de voler le titre d’un film de Nagisa Oshima : Contes cruels de la jeunesse. Je n’ai pas vu ce film mais, lors de ma première visite d’atelier chez l’artiste, ce sont les premiers mots qui me sont venus à l’esprit.
Tout d’abord parce que Florence Obrecht semble nous raconter des histoires : une petite fille pose étrangement habillée devant un château de style renaissance, des gymnastes tiennent fièrement leur cerceau pendant que d’autres jeunes femmes exhibent leur animal en peluche préféré. A chaque fois ces « personnages » semblent sortis d’une pièce de théâtre, costumés et prêts à entrer en scène.
Puis, peu à peu, à force de regarder ces figures et d’essayer de leur trouver une histoire, on ne peut s’empêcher de remarquer la cruauté du regard que l’artiste porte sur eux. Ce ne sont pas de beaux jeunes gens athlétiques et sympathiques, ce sont des filles qui se sont pris un sale coup de soleil, des adolescents gothiques qui affichent leur mal-être, des gamines obsédées par leur apparence. Et Florence Obrecht ne leur épargne rien, ne cherche pas à embellir la situation et refuse même de leur poser un sourire sur les lèvres.
Mais ils semblent tous réunis par une affaire de jeunesse, d’enfance et d’adolescence, moments de la vie qui ne sont pas forcément les meilleurs (même si nous avons souvent tendance à porter un regard nostalgique sur ces années). Ne reste plus qu’à regarder le film d’Oshima et voir à quoi ressemblent réellement les Contes cruels du cinéaste japonais.